Chevauchées
Galop bleu
Eugnie Deleau
Galop sous le vent
Je ramasse des objets dans les brocantes, les dépôts vente,
n’attachant d’importance ni à leurs fonctions ni à leur passé.
Il doivent simplement me parler, me toucher, m’émouvoir...
Je récolte des ustensiles de cuisine;
des passoires pour faire jouer la lumière,
des verres à la transparence griffée ou colorée.
Je chine, ici et là, j’explore guidée par mon inconscient
Je deviens un peu sorcière en "cuisinant" mes trouvailles
une pincée de celui-ci, une once de celui-là
J’assemble, réinvente de nouvelles vies
En présence de certains de ces objets,
des images m'apparaissent, des allégories surgissent.
J'ignore pourquoi...
Comme si des liens invisibles nous unissaient,
comme s'ils me murmuraient quelque chose, me parlaient
J'écoute leurs chuchotements, leurs confidences
elles résonnent en écho à ma propre mémoire des choses.
Avec eux je parle de rescapés échappant aux cataclysmes chevauchant leurs animaux guides,
êtres aux instincts facétieux, personnages visionnaires explorant l’utopie du monde;
femmes parées d’atours attestant de leur géographie intérieure…
Catherine Médico
La fée électricité
L'écuyère des étoiles
Galop bleu
Fée de mer à la longue vue sur poisson à hélice
Cornac
Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Maintenant c'est plus pareil,
ça change, ça change
Pour séduire le cher ange,
on lui glisse à l'oreille
Ah...Gudule
Viens m'embrasser.
Et je te donnerai :
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
avec un four en verre
Des tas de couverts
et des pell' à gâteaux
Une tourniquette
pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux
Autrefois s'il arrivait
que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait
en laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: rentre chez ta mère
et on se garde tout
Ah..Gudule
Excuse-toi,
ou je reprends tout ça :
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêl' à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous
La tourniquette
à faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures,
et le coupe-friture
Et si la belle
se montre encore rebelle
On la fiche dehors
Pour confier son sort
Au frigidaire
À l'efface-poussière
À la cuisinière
Au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
À l'éventre-tomates
À l'écorche-poulet
Mais très très vite,
on reçoit la visite,
d'une tendre petite,
qui vous offre son coeur
Alors on cède
car il faut bien qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça
jusqu'à la prochaine fois
Boris Vian